Historiquement, la France est un pays d’ingénieurs qui valorise l’expertise et la connaissance. Dans un schéma classique, les écoles d’ingénieurs forment de bons experts qui occupent un poste fondé sur une expertise définie. Au fil du temps, leur expertise est reconnue, leurs responsabilités sont élargies et ils deviendront managers. Ils transmettront ensuite aux plus jeunes leur savoir-faire.
Au-delà de la transformation digitale et du déploiement des nouvelles technologies, l’entreprise du futur repose également sur le socle collaboratif et, plus précisément, sur l’intelligence collective.
Aujourd’hui, les clients des entreprises attendent toujours plus de valeur. Nous vivons dans un monde professionnel toujours plus incertain et qui nécessite, de la part des entreprises, une vitesse de réaction et de création toujours plus grande.
Nous devons penser « client » et le processus n’est plus le seul facteur de performance. Nous devons intégrer, notamment, le savoir être, l’intelligence émotionnelle, la relation client. Pour ce faire, il est essentiel de collaborer avec des femmes et des hommes qui possèdent des compétences différentes et qui sont issus d’horizons différents.
Pour gagner du temps et préserver la richesse des idées, la réduction des strates hiérarchiques est tout à fait appropriée. Selon une étude récente d’IPSOS et de l’agence de co-meeting OpenMind Kfé, le travail collaboratif aurait un impact positif sur le partage des connaissances pour 69 % des participants au sondage, sur la productivité des équipes (65 % des participants au sondage), la résolution des problèmes (62 % des participants au sondage), la motivation des salariés (60 % des participants au sondage) et la créativité (59 % des participants au sondage).
Les organisations des entreprises évoluent pour gagner en performance. Réussir leur transformation nécessite un partage du pouvoir de décision. Les entreprises doivent privilégier le développement des compétences comportementales ou soft kills. Le développement des méthodes liées à l’intelligence collective et au savoir-être ainsi que le développement des relations entre collaborateurs fondées sur la confiance sont de puissants leviers pour les entreprises, encore insuffisamment exploités par les organisations.
L’intelligence collective constitue un pilier de l’entreprise du futur et, pour réussir, non seulement les collaborateurs des équipes doivent être pluridisciplinaires mais ils doivent être solidaires pour faire face aux différentes situations rencontrées au cours des projets et dépasser les limites individuelles. Le manager doit savoir également passer d’un management prescriptif au profit d’un management de compétences et d’influence, plus riche et plus ouvert.
Dans le monde scientifique où nous sommes habitués à tout maîtriser, la coopération est un véritable enjeu et la solidarité est une intelligence collective.
Les difficultés de la mise en place de l’intelligence collective
Selon l’étude précitée d’IPSOS et de l’agence de co-meeting OpenMind Kfé, environ 83% des salariés expriment un besoin de collaborer et pourtant, le manque de confiance dans et entre les équipes constitue l’un des principaux freins à l’essor de l’intelligence collective.
Le travail est devenu de plus en plus complexe. Individuellement, nous ne possédons pas la toute puissance et la réussite dépend de l’ensemble de l’équipe. Coopérer, c’est reconnaître les forces et les faiblesses de l’autre et l’accepter tel qu’il est tout en lui faisant confiance. Chacun doit dépasser ses préjugés, faire preuve de consensus.
L’entreprise libérée
Au-delà de l’intelligence collective, lorsque celle-ci prend une place centrale et que les organisations abandonnent la structure pyramidale au profit d’une structure plate où les collaborateurs s’autodirigent, on parle alors d’entreprise libérée. Le principe de ce type d’organisation est de laisser les salariés prendre des initiatives individuelles qu’ils jugent opportunes tout en rendant compte au collectif. Ce nouveau modèle d’organisation positionne l’humain au centre de son fonctionnement et est très convoité par les générations X et Y.
En France, les entreprises sont imprégnées du modèle pyramidal et, par conséquent, la mise en place de l’entreprise libérée est complexe.
Cette forme d’organisation présente des avantages (salariés plus performants, organisation plus souple, entreprise plus innovante, …), mais elle suscite bon nombre de critiques car, outre la difficulté de mise en œuvre, elle peut entraîner, notamment, une prise de pouvoir par quelques collaborateurs au détriment des autres, une augmentation du stress et du burn-out due à la responsabilité de chacun qui doit rendre compte au collectif, … .
Si ce type d’organisation fonctionne parfois dans les sociétés du numérique, les collaborateurs des grandes entreprises qui l’ont testée se sont plaints d’une plus grande charge de travail.
Sources
- cadre-dirigeant-magazine.com - L’intelligence collective au service de la saine transformation de l’Entreprise
- amplitude-formation.com - L’intelligence collective au service de la performance durable des entreprises
- latribune.fr - L'intelligence collective, pilier de l'entreprise du futur
- ipsos.com/fr-fr - La culture de la collaboration en progrès dans les entreprises
- lejournaleconomique.com - Quand l’intelligence collective se met au service de l’entreprise/2019/03/18/intelligence-collective-entreprise/
- manager-go.com - Ce qu'il faut savoir sur l'entreprise libérée
- liberation.fr - Entreprise libérée, les salariés en prennent pour leur grade